Histoire du front populaire by Jean Vigreux

Histoire du front populaire by Jean Vigreux

Auteur:Jean Vigreux
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Tallandier
Publié: 2016-07-14T16:00:00+00:00


Le ministère Chautemps poursuit-il le Front populaire ?

Camille Chautemps, dès le 22 juin 1937, déclare constituer un « gouvernement de rassemblement républicain ». Certes, il s’agit de défendre la République contre les dangers factieux, mais ce glissement sémantique, éclipsant de fait le Rassemblement populaire, ne doit pas occulter que la coalition parlementaire est toujours réelle. Toutefois, il donne à voir la vision modérée et la ligne plus recentrée que proposent les radicaux.

La composition de ce deuxième gouvernement du Front populaire répond toujours à un subtil dosage entre les forces politiques et les partis, même si les radicaux-socialistes reprennent le dessus sur la SFIO. Léon Blum est tout de même vice-président du Conseil. Toutefois, il n’y a plus de femmes dans la nouvelle équipe : « Le départ des premières secrétaires d’État passe inaperçu », selon la belle formule de Christine Bard2. Cette expérience « des femmes ministres n’a rien eu d’inquiétant : des femmes sélectionnées pour leur loyauté, leur discrétion, ont, dans les limites de leur rôle, rempli leur tâche avec compétence, sans scandale, et en coopérant avec leurs ministres. Les nommer une deuxième fois n’aurait pas menacé la République. Mais précisément parce que l’expérience n’a pas échoué, si elle avait continué, la présence des femmes serait devenue permanente et le droit de vote et d’éligibilité aurait été encore plus difficile à refuser aux femmes3 ».

Camille Chautemps reconduit à peu près les mêmes ministres et sous-secrétaires d’État, avec un tiers de nouveaux4. Des piliers du radicalisme reviennent aux commandes, comme Albert Sarraut (qui avait déclaré quelques années plus tôt, lors d’une période sectaire du PCF, « le communisme, voilà l’ennemi ») et Georges Bonnet, adversaire du Front populaire.

L’ambiguïté de ce gouvernement est perçue par la presse de l’époque ; L’Écho de Paris, le 25 juin, titre « De quoi s’agit-il pour M. Chautemps ? Sous le contrôle du Front populaire, de liquider “l’expérience Blum”… ce ne sera pas commode… », alors que L’Humanité écrit le même jour : « “Troisième ministère Chautemps” ? Oui, sans doute. Mais avant tout : second ministère du Front populaire ! »

Camille Chautemps et les radicaux doivent composer avec leur droite et leur gauche, renouant alors avec leur rôle pivot au sein du régime. L’éclipse de 1936, avec la victoire de la SFIO qui avait changé les rapports de force au sein des gauches, est vite oubliée ; les radicaux retrouvent leur place, grâce entre autres à leur rôle au sein du Sénat.

La SFIO accepte de participer à ce gouvernement par 3 972 voix contre 1 369 (vote de son comité national), à condition de respecter le programme du Front populaire. Une telle condition présage des difficultés à venir. Le ressort de l’unité de 1935-1936 n’est plus là ; l’euphorie et l’embellie de 1936 semblent loin. Les communistes, de leur côté, votent l’investiture, mais mobilisent au même moment, en organisant une grande manifestation place de la Nation, à Paris, « pour l’exécution du programme commun ». Il s’agit de rappeler sans cesse à Camille Chautemps



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